« Oui »
- Charlotte Fuga
- 16 sept.
- 2 min de lecture
de Nadav Lapid (Yes, 2025)

Y. est un artiste-pianiste. Au lendemain du 7 octobre, alors que Tel Aviv s’anime pour fêter l’anniversaire de l’indépendance du pays tandis que les bombes continuent de retentir à Gaza, Y. est approché par des représentants gouvernementaux pour composer le nouvel hymne du pays.
C’est ici que commence le tiraillement de notre protagoniste, artiste attaché à son identité et à, d’une part, l’idéal de ce que son pays pourrait être, ce qu’il pourrait représenter ; et le devoir qui est attendu de lui, en tant que citoyen versus sa morale, sa conscience qui ne se reconnaît plus dans les choix du pays.
Divisé en trois chapitres, en trois actes, faisant écho à la tragédie du théâtre moderne et symbolisant diverses étapes de l’évolution morale de ce personnage, « Yes » nous embarque dans ce voyage visuel, sensoriel, éthique et au bout du compte, on ne peut plus politique, mais surtout profondément humain.
Nadav Lapid ne juge pas, il se questionne. Y. est une part de lui et lui est une part d’Y. A travers ses mouvements de caméra, dynamiques et parfois chaotiques, et sa musique effrénée et énergique, il cherche à représenter son peuple, ses gens - ces israéliens profondément amoureux de l’idéologie a l’origine de la création de leur état, complètement désillusionnés par les méandres de cette vie.
Le film, sans le vouloir, regorge de références cinématographiques, à commencer « La Grande Bellezza » de Paolo Sorrentino, pour sa scène d’ouverture opulente, « Pierrot Le Fou » de Jean-Luc Godard, pour ce protagoniste en roue libre qui entame un chemin de réflexion personnelle à bord d’une voiture, ou encore « La Zone d’intérêt » de Jonathan Glazer où le regard est posé sur la moralité de ses personnages et où les horreurs du monde hors champs retentissent bien plus fortement par leur évocation.
Avec « Yes », Nadav Lapid joue les chefs d’orchestre et nous offre un vrai film d’auteur, un film d’artiste, où le son et l’image s’entremêlent pour mieux nous toucher.
Un film fort, un film poignant, mais aussi cru, qui nous offre un regard singulier.
Un film qui ne plaira pas à tout le monde, le cri d’un artiste qui défend sa liberté d’expression, qui souhaite faire entendre sa voie, partager ses questionnements et sa vérité.
Enfin, face à une actualité brûlante, « Yes » est avant tout et surtout un film courageux.
Sortie salle (France) : 17 septembre 2025, Les Films du Losange






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