« Valeur Sentimentale »
- Charlotte Fuga
- 19 août
- 2 min de lecture
de Joachim Trier (2025)

Après « Thelma », « Oslo » et « Julie en 12 Chapitres » tous les trois bien différents, chacun acclamé par la critique, le pari était risqué. Joachim Trier avait mis sa propre barre très haut, mais il ne s’est pas trompé. Le pari est gagné. « Valeur Sentimentale » succède dignement aux précédentes œuvres de son réalisateur.
Drame transgénérationnel, il raconte l’histoire de Nora et Anne, deux femmes désormais adultes, enfermées dans leurs blessures de petites filles. Trop longtemps dans l’attente d’un père absent, artiste réalisateur egocentré et complètement désintéressé, chacune a tenté d’avancer dans sa vie, jusqu’à ce que le décès de leur mère ne le ramène dans leurs vies, au devant de la scène.
Tout commence et se termine dans le décors d’une maison typiquement norvégienne, choix artistique qui rappelle de loin, et en bien plus réussi, « Here », le dernier Robert Zemeckis. Ayant accueilli trois générations différentes, elle symbolise la filiation et pose les bases d’une réflexion profonde et douloureuse sur la transmission transgénérationnelle, de ces blessures silencieuses, et de l’impact de ce poids sur toute une lignée.
La réalisation de Joachim Trier est parfaitement maîtrisée. Les doux mouvements de caméra accompagnent les personnages avec bienveillance, la lumière et la colorimétrie alternent une palette feutrée avec des contrastes plus saturés, selon l’état d’âme souligné ; et la narration, avec ses multiples évocations, reste tendre, malgré son fond dur, douloureux et profondément tragique.
Renate Reinsve, désormais muse accomplie et fidèle héroïne de Trier, nous transporte par son interprétation et brille par son authenticité, venant presque détrôner les gros noms du cinéma qui partage l’affiche avec elle.
Si peu de doutes planaient sur le talent de Joachim Trier, « Valeur Sentimentale » vient confirmer le génie, la sensibilité et le regard singulier de cet auteur-réalisateur norvégien, qui n’a sans doute pas fini de nous impressionner.
Un film beau, un film fort, un film vrai - un film qui vient nous chambouler, nous émouvoir et nous faire espérer, comme seule la magie du cinéma peut le faire.
Sortie salle (France) : 20 août 2025, Memento Distribution






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