top of page

« La Flor »

  • Photo du rédacteur: Charlotte Fuga
    Charlotte Fuga
  • 6 mars 2019
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 mai

de Mariano Llinás (2019)

ree

Les lumières de la salle s’éteignent, le projecteur s’allume, les premières images apparaissent à l’écran. Un homme, la cinquantaine, s’adresse directement au spectateur face caméra. C’est Mariano Llinás lui-même, qui schématise sous la forme d’une fleur les diverses narrations que nous allons suivre, ou plutôt tenter de suivre, lors du visionnage.


Sur six histoires, quatre n’ont pas de fin, alors que la cinquième suit une narration circulaire, la sixième et dernière n’a pas de début, mais se conclue.


On passe d’une série B à l’américaine à un mélodrame musical aux accents de mystère, à de l’espionnage, suivi par une mise en abîme du cinéma, d’un hommage à l’oeuvre de Renoir et enfin à un tableau social du 19e siècle.


Ce sont Elisa, Valeria, Pilar et Laura qui vont nous accompagner, prenant, à chaque nouvel épisode, une identité différente. C’est une mise en scène maîtrisée et unique, accompagnée par une bande originale propre à chaque histoire, qui construisent le récit.

Un cut sur fond noir, c’est « La Flor » qui commence.


Lorsqu’il a conçu « La Flor », Mariano Llinás ne pensait pas qu’il en ferait un film culte en devenir. Sans vraie production pour le soutenir et financé hors de l’industrie, le film s’est tourné avec un budget d’environ 200 000€, juste assez pour se procurer le matériel de prise de vue et les déplacements sur les différents lieux de tournage. Inutile de se mentir, on retrouve des traces de cette économie dans le résultat final, mais n’est-ce pas aussi ce qui renforce ce côté expérimental du film, et qui en fait tout son charme ?


Métaphore de l’histoire de cinéma, cela fait également écho aux difficultés financières auxquelles ont fait et font face encore aujourd’hui les auteurs avec des propositions cinématographiques sortant de l’ordinaire. « La Flor » nous montre qu’il est possible de créer des films ambitieux à petit budget.


Outre sa forme qui rompt tous les codes de narration classiques, la grande force de cette œuvre gît dans ses quatre actrices, pour qui les six épisodes ont été conçus sur mesure. Rencontrées en 2006 alors qu’elles formaient la compagnie théâtrale La Piel de Lava, Mariano Llinás a immédiatement été pris par le désir de les diriger. Malléables, complètement adaptables aux différents rôles qui leur sont donnés, elles deviennent d’emblée le moteur principal des différentes histoires dans lesquelles on est transportés.


A première vue on peut être effrayés par la durée, qui en fait d’ailleurs l’un des films les plus longs de l’histoire du cinéma: 808 minutes, soit 13 heures 28. Néanmoins, cette forme hybride donne un dynamisme unique à l’œuvre et réussi à tenir en haleine le spectateur du début à la fin, une fin à l’image du reste, couronnée par un générique de vingt-cinq minutes incroyablement démentiel.


Dans une époque maintenant dominée par la série, « La Flor » s’inscrit tout de même, malgré sa longueur et son découpage, comme un vrai film de cinéma.


Lauréat du Festival International du Film Indépendant de Buenos Aires, c’est néanmoins grâce à sa sélection au Festival de Locarno que « La Flor » à conquis Michèle et Laurent Pétin. Un vrai pari pour la société de distribution, ARP Sélection, qui va tenter à son tour de conquérir le public français en créant à travers sa sortie un événement à ne pas manquer.


« La Flor » c’est quatre femmes, six épisodes, en quatre parties.


« La Flor » c’est bien plus qu’un film, c’est une proposition qui regroupe toutes les particularités d’une oeuvre cinématographique mais qui se distingue par l’originalité de sa forme, allant contre tout ce que vous avez pu voir jusqu’à présent.


« La Flor » c’est une vraie expérience de cinéma, à cheval entre la fiction et l’expérimental.


« La Flor » c’est un voyage de 13 heures et 28 minutes faisant éloge au 7e art, traversant les genres et les époques.


« La Flor » c’est un moment que vous n’avez jamais vécu et qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie.


Sortie salle (France) : Partie 1 – 6 mars 2019, Partie 2 – 20 mars 2019, Partie 3 – 27 mars 2019, Partie 4 – 3 avril 2019, ARP Sélection


Commentaires


Pour une fois, arrivez avant le générique de fin. Abonnez-vous.

© 2025 by @lavisdecharlie

  • Instagram
  • Linkedin
bottom of page